Fonctionnement des Groupes EVEIL

Un groupe spécifique a été créé en avril 2014 pour permettre de maintenir dans la structure quelques résidants qui étaient réorientés en foyer d’accueil médicalisé ou en MAS et en attendant qu’ils puissent être accueillis ailleurs. L’objectif était de répondre le mieux possible à leurs besoins et de veiller à leur sécurité et à celle des autres résidants.

A leur départ, en septembre 2014, un nouveau groupe a été constitué afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques de 7 personnes autistes âgées de 25 à 57 ans à l’époque. La finalité de la démarche était et reste de permettre à chacun de vivre à son rythme, de répondre à ses besoins personnalisés en s’adaptant à ses possibilités, à ses difficultés, à ses moyens de communication et compréhension du monde qui l’entoure.

En fonction des projets personnalisés de ces personnes et des attentes de leur famille, elles sont accueillies de manière séquentielle ou tout au long de la semaine, avec accueil de jour ou avec hébergement, avec retour hebdomadaire ou bimensuel.

C’est portés par la volonté d’assurer une continuité  dans l’accompagnement des personnes accueillies et de comprendre le sens de leurs troubles comme expression d’un mal être que nous pensons ce projet innovant, pour un puis, depuis 2016, deux groupes.  Il a pour ambition d’assurer aux personnes un accompagnement respectant leurs besoins individuels, favorisant leur bien-être, leur sécurité et celle des autres et pouvant accompagner les régressions liées aux pathologies et au vieillissement.

 Compte tenu du fait que les instructions verbales sont difficilement compréhensibles pour la personne porteuse d’autisme, l’élément essentiel de l’organisation de la vie  consiste à visualiser la succession des activités sur un support, l’aidant à se repérer, se situer dans le déroulement du temps, les événements distincts qui le jalonnent et les liens entre eux.

Acquérir une habitude d’agir de façon appropriée dans des circonstances ou des contextes destinés à se répéter est aussi un objectif dans l’organisation de ces groupes. En effet, le professionnel s’ingénie à créer des routines car « des routines productives peuvent constituer des manières systématiques d’accomplir des missions ». Contraints à lutter pour comprendre ce que la situation nécessite et incapables de s’organiser facilement et efficacement, les personnes autistes tirent bénéfice des comportements systématiques.

 De façon générale, l’enseignement se fait par petites étapes : chaque compétence que l’on souhaite développer est analysée en petites unités mesurables et enseignées, une étape à la fois. On passe progressivement de la situation d’apprentissage « un pour un », à la situation de petits groupes puis à la situation en groupe plus large. L’environnement est structuré dans un premier temps sans trop de stimulations parasites. Puis, les acquisitions émergentes sont répétées et renforcées dans des situations moins structurées. Celles-ci doivent cependant être préparées avec soin et se reproduire fréquemment.

Le temps « d’enseignement » est optimisé pour réduire le temps consacré à des activités non productives comme l’autostimulation ou les comportements inappropriés, pour favoriser la concentration, l’attention et pour inciter la personne à interagir activement avec son environnement. Il est primordial de toujours tenir compte de la motivation et des intérêts de la personne pour qu’elle prenne plaisir à apprendre et à découvrir ce qui l’entoure. C’est le moteur même de sa réussite et de ses progrès. De plus, les progrès, les encouragements constants, les félicitations vont lui donner une image valorisante et structurante d’elle-même, ce qui contribuera encore à favoriser son développement et son envie d’apprendre.

Les parents peuvent participer activement en recevant conseils et orientation ainsi qu’éventuellement une formation spécifique pour pouvoir appliquer les principes à domicile dans un but de généralisation, de continuité et de cohérence. C’est la généralisation des apprentissages concrets acquis dans l’établissement et extrapolés dans l’environnement quotidien/social qui viendra participer au développement et renforcement des mécanismes et compétences recherchés. L’outil « vidéo » est utilisé pour filmer les personnes, objectiver leur comportement et leurs progrès et témoigner auprès des familles des réussites et des modifications de comportement.

Les renforçateurs positifs sont utilisés et les principaux objectifs  visés sont de gagner en autonomie dans certains gestes de la vie quotidienne, de diminuer les comportements inadaptés, les troubles en adaptant l’espace et en remplaçant certains comportements par d’autres plus adaptés à la vie en société,  d’être capable progressivement d’enchainer les actions,  de permettre à la personne d’occuper ses temps libres.

L’accompagnement s’articule autour de 3 concepts clés :

  • Une approche développementale et généraliste : la personne est considérée dans sa globalité et tous les domaines de compétences nécessaires sont développés (motricité, autonomie personnelle et sociale, communication, apprentissages, etc.). Les objectifs sont choisis en fonction du niveau de la personne, de ses forces et de ses faiblesses et en fonction de son parcours, de ses comportements à son arrivée, des outils utilisés précédemment.
  • La collaboration des parents et des professionnels : la collaboration de la famille a un rôle essentiel. Il s’agit de mettre en place une réelle complémentarité dans laquelle chacun met en commun ses compétences. D’une part les professionnels aident les parents à mieux comprendre les comportements souvent déroutants et leur suggèrent, leur proposent et leur apprennent des techniques ou attitudes à adopter au quotidien. D’autre part, les parents sont considérés comme étant les personnes connaissant le mieux leur enfant et sont souvent consultés pour mettre en place les stratégies les plus adaptées.
  • L’importance de l’enseignement structuré : du fait que les personnes avec autisme ont des difficultés à se repérer dans le temps et dans l’espace et que cela peut générer des angoisses importantes, tout leur quotidien va être hautement structuré afin que les choses puissent être plus prévisibles.

Principes d’intervention :

L’intervention repose essentiellement sur l’organisation de l’environnement et la mise en place de séances de travail en individuel.

Des repères concrets, une prévisibilité dans le temps et des aides visuelles permettent à la personne avec autisme d’organiser ses comportements, de mieux comprendre son environnement matériel et social, et d’interagir avec lui.

L’enseignement structuré repose sur plusieurs principes :

  • L’organisation physique : les espaces sont aménagés de façon à ce que la personne puisse repérer facilement quelles activités sont proposées dans chacune des pièces, puisse reconnaitre SON espace d’activités. Des pictogrammes (images simplifiées) sont utilisés dans chaque zone pour signifier l’activité qui correspond à ce lieu.
  • Les emplois du temps visuels : des images sont utilisées pour constituer un emploi du temps individuel pour chaque journée, activité après activité. Cela permet ainsi à la personne de  mieux se repérer dans le temps et d’avoir une prévisibilité des évènements à venir.
  • L’organisation visuelle : Des boites contenants les activités de travail sont disposées sur le côté lors des séances et permettent à la personne de savoir combien de tâches elle va devoir effectuer et dans quel ordre. Le matériel de travail est également adapté pour faciliter les apprentissages.

Pour faciliter les apprentissages, les méthodes d’enseignement suivantes vont être utilisées :

  • Les directives : les consignes doivent être faciles à comprendre.
  • Les incitations : les aides sont physiques (ex. : guider les gestes), verbales, visuelles, gestuelles.
  • Les renforcements : Ils permettent de créer une motivation pour le travail car la motivation habituelle (satisfaction personnelle, reconnaissance d’autrui) est absente chez la personne autiste.

 Tout comme le terme « enseignement », le terme « activité » n’est pas entendu dans son acceptation occupationnelle mais dans le sens de support à la communication, à l’accompagnement, au besoin pour certains d’activités pour ne pas tomber dans l’oisiveté qui peut être source de stress et de troubles du comportement, au lien  et au bien-être et peut recouvrir :

  • Activités et jeux sur table : tri, encastrement, puzzles, jeux d’observation, montages…
  • Activités musicales
  • Activités sensorielles
  • Promenade intérieure/extérieure
  • Activités de bien-être (aromathérapie, balnéo, massage,…)
  • Jeux de psychomotricité fine
  • Toutes sortes de situations et de stratégies élaborées et mises en place pour susciter les intérêts et mobiliser les personnes souvent peu mobilisables
  •  …

Au regard de la population  accueillie, toutes ces activités sont un support pour que les bénéficiaires continuent à rester actifs et participatifs dans leur propre vie. La communication au travers de ces activités pourra faciliter l’expression des émotions des personnes concernées afin d’apaiser, rassurer, diminuer leurs angoisses et de tenter de réduire leurs comportements déviants, inadaptés, dérangeants. Pour répondre aux besoins de ces personnes, de la prévisibilité est apportée à chacun en fonction de son degré de compréhension (photos, pictogrammes, calendrier des nuits avant retour en famille…)

La mobilité et plus particulièrement la marche est très importante. Cette action libère de l’énergie accumulée par des causes que la personne ne peut exprimer verbalement. Chaque jour, une sortie est proposée à l’un des groupes, des séances d’activités physiques à l’autre groupe. Elles permettent de maintenir voir de développer de l’aisance corporelle qu’il est parfois difficile de mobiliser autrement. Un véhicule 9 places est dédié au premier  groupe afin qu’il puisse chaque jour sortir pour une promenade ou une sortie individuelle pour un achat précis (vêture) ou un rendez-vous médical, de diminuer les comportements inadaptés, les troubles en adaptant l’espace et en remplaçant certains comportements par d’autres plus adaptés à la vie en société. 

Des éducateurs sont libérés par demi-journées pour accueillir et accompagner les résidants du deuxième groupe, accompagnés de leur éducateur référent.

Quand c’est possible, peu à peu, certains des résidants de l’un ou l’autre groupe bénéficient d’inclusions dans les groupes ordinaires (yoga, peinture, activités manuelles, espaces verts…)